Sci-fi Convention 2010
Fantastinet 2005
Sci-fi Convention - 21 février 2010
Belisamart 2010
Interview Fantastinet - décembre 2005 Emmanuel nous a proposé la lecture de son recueil et Dilvich l'a grandement apprecié... Nous avons donc décidé d'en apprendre un peu plus sur un jeune auteur qui, espèrons-le, sera très prochainement plus connu ! Allan : Comme peu de monde te connaît pour l"instant – mais il est certain que cela va changer, j'en suis sûr – pourrais-tu te présenter à nos visiteurs ? Emmanuel : Eh bien, j"ai 34 ans, suis marié et heureux père d"une petite fille de huit mois. Ma vie professionnelle tourne autour de mes passions, puisqu"en plus d"être auteur, je suis journaliste spécialisé dans les jeux vidéo, aussi bien sur PC que sur console (j"ai notamment été chef de rubrique du magazine PC Team). Avant ça, j"ai fait des études de lettres modernes à Aix-en-Provence puis de journalisme à l"ESJ de Paris. Je suis actuellement en pleine reconversion et prépare différents concours d"entrée dans la fonction publique. Allan : Quels sont les auteurs et les livres qui t"ont marqués en tant que lecteur ? Emmanuel : Il y en a pas mal. J"ai une culture très classique : en philosophie-sociologie, je dirais Les Essais, de Montaigne, l"Emile de Rousseau et plusieurs livres issus de la Comédie humaine, de Balzac. Voilà pour le côté " intello ". Sinon, j"adore les récits épiques : l"Iliade et l"Odyssée, d"Homère, l"Enéide, de Virgile, Salammbô, de Flaubert. Les romans d"aventure ne me laissent pas non plus indifférent : je me suis plongé avec délices dans La Chartreuse de Parme de Stendhal, l"Ile au trésor, de Stevenson ou le comte de Monte-Cristo de Dumas. J"ai beaucoup lu Jules Verne, l"un des précurseurs de la SF. Cinq semaines en ballon et Voyage au centre de la terre me sont plus particulièrement restés en mémoire, mais il y en a tellement... Outre Jules Verne, l"auteur de SF qui m"a le plus marqué est incontestablement Asimov et son cycle de Fondation. Bien sûr, le cycle de Dune de Franck Herbert est également inoubliable, et j"ai été impressionné par la créativité et l"exotisme de Vance dans son cycle de Tschaï. Dans le domaine du fantastique, je citerais Charlie, de Stephen King, pour les émotions poignantes qu"il m"a fait vivre. Je ne serais pas très original non plus en disant que le livre que je place au-dessus du lot est tout simplement Le Seigneur des anneaux de Tolkien, notamment parce qu"il m"a fait découvrir le concept de livre-univers, concept qu"il a poussé plus loin que quiconque avant lui. Il m"a fait voyager dans la terre du milieu et partager les aventures des différents protagonistes avec une ferveur rarement éprouvée. Allan : De quels auteurs contemporains te sentirais-tu proche ? Emmanuel : Je me sens proche de feu " le professeur " Asimov car il y a dans son œuvre une certaine philosophie humaniste à laquelle j"adhère. De même, je suis très sensible à la manière qu"a Robert Jordan de développer la psychologie de ses personnages dans son cycle de la Roue du Temps, et particulièrement les relations homme/femme. De manière générale, je me sens des affinités avec les auteurs qui s"impliquent à fond dans leurs œuvres ou dans leurs personnages, comme Howard, Lovecraft, Tolkien ou Robin Hobb, plus récemment. Allan : Ton recueil n"a pas laissé indifférent Dilvich. Comment te sens-tu globalement face à la critique : te sens-tu anxieux en attendant le retour des chroniqueurs ou journalistes ? Ou tout cela te laisse-t-il indifférent ? Emmanuel : Je suis anxieux de nature, donc ça ne fait qu"une angoisse de plus… Quand on débute, il n"est pas si évident d"obtenir ce qu"on pourrait appeler des " avis autorisés " : les directeurs de collection sont trop souvent débordés. L"avis des passionnés et des connaisseurs est donc primordial pour moi. On pourra dire que je manque de confiance en moi, mais je subis également l"influence du domaine des jeux vidéos où les développeurs se servent des avis et remarques des fans pour améliorer leurs jeux. Ayant moi-même été critique dans ce domaine, je crois savoir distinguer ce qui est constructif de ce qui ne l"est pas. De ce côté-là, je n"ai pas eu à me plaindre jusqu"à présent… Allan : Il semble bien que tu accordes beaucoup d"importance aux rapports entre humains… La SF te sert-elle juste de prétexte pour montrer les évolutions des rapports humains ou leur non-évolution ? Emmanuel : Je suis fasciné par les évolutions de la science et ses applications technologiques. Je fais partie des gens qui pensent que l"avenir de l"humanité passera par la conquête spatiale. Pourtant, de manière ambivalente, j"ai parfois eu l"impression que " le plus froid des monstres froids " n"était plus l"Etat mais la science et la technologie. Alors que science et technologie ne sont normalement pas des fins, mais doivent servir l"homme. C"est peut-être pour ça qu"inconsciemment j"ai replacé l"humain au cœur de mes nouvelles. L"aspect technologique a beau être fascinant en lui-même, il l"est plus encore quand il nous renvoie à nos démons ou à nos qualités intrinsèques. Evidemment, c"est très personnel, comme point de vue. Allan : Pourquoi avoir d"ailleurs fait le choix de la SF : uniquement par préférence, par goût ou pour une raison plus profonde du fait de la possibilité de mettre en perspective le présent ou autre ? Emmanuel : La SF permet en effet de mettre en perspective le présent. Cela dit, c"est avant tout par goût personnel que j"ai choisi la SF. J"avais eu une expérience difficile avec un roman de fantasy resté sous forme de manuscrit et j"ai décidé d"écrire d"abord quelques nouvelles SF, puis de les relier sous forme de livre. Ce n"était pas un choix rationnel mais une décision instinctive, venue du cœur. A l"époque j"étais aussi sous l"influence d"une excellente série de SF : Star Trek Deep Space Nine. Allan : De même, tu reprends des sujets déjà traités auparavant mais en y ajoutant ta "patte" et ton style : ce qui m"amène à une discussion qu"il y a eu sur le forum… A ton avis, tout a déjà été inventé en SF et la différence se situerait au niveau de son "traitement" comme certains le pensent ou reste-t-il encore des choses à inventer ? Emmanuel : Pour savoir si tout a été inventé en SF, il faudrait d"abord définir ce qu"on entend par " nouvelles inventions". Par exemple, quand dans son cycle des Fondations Asimov invente la psychohistoire, il mêle physique quantique et statistiques qu"il applique au devenir de l"humanité. Donc, il se sert d"éléments déjà existants mais découverts récemment (la physique quantique) pour créer quelque chose de nouveau, en ayant une vision transversale qui n"est pas celle du spécialiste. La science procède en partant de l"acquis pour échafauder des hypothèses qu"elle vérifie ensuite par des calculs ou des expérimentations. Les vérifications et validations en moins, cette démarche peut aussi être celle de n"importe quel auteur de science-fiction, et donc je répondrai : tant que la science évoluera il sera toujours possible de renouveler la science-fiction. A condition de se tenir au courant des derniers progrès et de ne pas hésiter à extrapoler. La science devenant toujours plus pointue, l"auteur de SF doit être un grand vulgarisateur. Ce n"est pas donné à tout le monde d"imaginer (comme le faisait aussi Jules Verne) des postulats très audacieux, attractifs et reposant sur une base scientifique. Je le reconnais, la SF d"Espace et Spasmes est nettement moins ambitieuse car elle repose sur le bon sens. Par exemple, en observant la tendance de notre société à être de plus en plus médicalisée, il m"a semblé naturel d"imaginer un monde (celui d"Entre deux feux) où des capteurs analyseraient en permanence l"état de santé des gens, la composition moléculaire de l"eau étant modifiée à chaque fois qu"un virus ou une bactérie est identifié afin de pouvoir l"éliminer. On est là dans une anticipation assez modeste, qui sert davantage de cadre où se déroule l"histoire. Evidemment, je suis loin d"être sûr d"être le premier à avoir eu cette idée… Allan : As-tu en tête ou sur papier des nouvelles histoires à nous raconter et si oui, as-tu déjà trouvé ton éditeur (ou restes-tu chez le même éditeur) ? Emmanuel : J"ai en tête un roman de science-fantasy (logique, après avoir abordé la fantasy et la science-fiction ;) ) qui devrait être, s"il se fait un jour, assez long. Je n"ai pas pour l"instant trouvé de nouvel éditeur mais je ne resterai vraisemblablement pas chez mon éditeur actuel. Allan : As-tu d"autres projets en cours ? Emmanuel : Oui, et notamment la réécriture complète de mon premier roman de fantasy. Allan : Nous as-tu rendu visite et si oui, que penses-tu de notre site ? Emmanuel : Oui, je vous rends visite régulièrement. Je trouve la navigation très rapide et efficace. Le travail que vous effectuez sur les dernières parutions est précieux pour se faire une idée de ce qui sort. Votre site ma donné envie de mieux connaître les ouvrages d"autres auteurs français de SF et de fantasy. Allan : Que peut-on te souhaiter pour la suite ? Emmanuel : De trouver mon public et de pouvoir en vivre, tout en conservant intacte la passion des débuts. Allan : Le mot de la fin sera : Emmanuel : Gardons l"esprit ouvert et foi en l"avenir. - Retour vers le haut de page -
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Ses parents ont finalement choisi de s'établir dans le sud de la France, où Alan a fait connaissance avec les auteurs classiques de l'hexagone en même temps qu'il baignait dans les romans d'Asimov, Lovecraft, Bradbury, Tolkien, King et tant d'autres... Marié, il est l'heureux père d'un petit garçon de deux ans et d'une petite fille de 5 ans. Il réside à présent à Pontoise, dans la région parisienne, mais se définit avant tout comme "citoyen du monde." Ce qui, étant donné son parcours, n'est pas une surprise… Œuvres : Mai 2009 : GPS (nouvelle fantastique parue dans l'anthologie Alice au Pays des Morts, collectif Babel la Ghilde des Mondes, ed. Emmanuel Guillot) Juillet 2009 : Les Explorateurs (ed. Lokomodo) Mars 2010 : Le Souffle d'Aoles (ed. Emmanuel Guillot) La toute première version des Explorateurs , sortie en 2005 sous le titre d' Espace et Spasmes . Couverture : Dorothée Liens : http://emlguillot.free.fr/ http://www.babelpocket.fr http://emmanuelguillot.over-blog.com/ Interview : 1. B'A : Tu utilises un pseudo ? D'où vient-il ? Pourquoi ne pas garder ton vrai nom ? Alan SPADE : Eh oui, j'utilise un pseudo. Alan, c'est en référence à un ami d'enfance, Alain. Lui et moi nous sommes tapés de bons délires, pour ainsi dire, dans notre adolescence. Je tiens à me souvenir de cela, ça me permet de me situer, de savoir qui je suis et d'où je viens. Spade, c'est pour sa consonance qui fait penser à Blade, et là, je pense au mythique Blade Runner. Mais c'est aussi pour moi une abréviation de « spadassin ». Non pas dans le sens de « tueur à gages », mais dans celui de « bretteur ». J'ai choisi Spade pour me souvenir qu'il faut avoir l'âme d'un guerrier dans ce métier, à la fois dans la phase d'écriture, où je me bats contre moi-même, contre les facilités d'écriture notamment, et dans la phase d'édition. Si j'ai fait ce choix de ne pas garder mon vrai nom, c'est essentiellement pour des raisons d'ordre commerciales et marketing : pour vendre plus de livres. J'ai opté pour une consonance anglo-saxonne car mes ouvrages s'inspirent des auteurs cités un peu plus haut dans ma biographie, c'est un signal pour les lecteurs habitués à ces écrivains. C'est aussi parce qu'à titre personnel, mon premier réflexe quand j'étais « simple » lecteur et que je me baladais dans les rayons SF/Fantasy/Fantastique des librairies était de rechercher les noms anglo-saxons, les auteurs francophones ne venant qu'en second lieu. Cela me permet aussi de me distancier par rapport à ce personnage d'Alan Spade. Un peu comme dans un jeu de rôle, où, en supprimant les enjeux paralysants de la vie réelle, on regagne de la souplesse et de la marge de manœuvre. Ou bien, si vous voulez, à l'instar de Spiderman qui, lorsqu'il enfile sa tenue, laisse de côté l'étudiant timide et se fait fougueux défenseur de l'opprimé. Le costume fait l'homme, en quelque sorte. Il devient aussi plus facile de couper le cordon ombilical avec sa création et d'en parler comme d'un objet extérieur. C'est enfin une manière de répartir les rôles entre Alan Spade qui écrit et Emmanuel Guillot qui édite. Les gens ont besoin de cette répartition des fonctions, qu'on le veuille ou non. La deuxième version des Explorateurs comportait trois nouvelles en plus, soit huit en tout. Couverture : Dorothée 2. B'A : D'où te vient ta passion ? Et depuis quand écris-tu ? Alan SPADE : Ma passion concerne d'abord les univers imaginaires, et là, elle remonte à mon enfance, à la découverte d'auteurs comme Tolkien ou King. J'étais un gros lecteur, de BD aussi bien que de livres d'ailleurs. Et pas seulement d'œuvres de fantasy ou de SF. J'ai tenu à aller un peu au-delà des ouvrages que l'on nous donne à lire à l'école, j'ai par exemple lu les Essais de Montaigne, la série de romans A la recherche du Temps perdu, de Proust, l'Emile de Rousseau, Victor Hugo, une partie de la Comédie humaine de Balzac, Homère, Virgile… Je tenais à me bâtir une culture classique éclectique – ce à quoi j'ai sans doute échoué, mais enfin j'aurais essayé. Il y a écriture et écriture. J'ai commencé à écrire en 1996 en tant que critique pour des revues mensuelles spécialisées de jeux vidéo, la plupart du temps à la pige (c'est à dire en freelance), et j'ai eu cette fierté de gagner ma vie avec ma plume pendant huit ans. A partir de 2001, j'ai commencé à vouloir aller plus loin dans l'écriture tout en gardant cette vision « marchand de tapis » de ma plume. Je veux dire par là que l'écriture devait me rapporter de l'argent. Eh oui, je sais, shame on me ! En toute logique, mon destin aurait donc dû être de devenir nègre littéraire, et ce serait sans doute arrivé si je n'avais eu cet attachement si particulier aux univers imaginaires. C'est ainsi que le roman que j'ai écrit de 2001 à 2003 était une sorte d'hommage d'heroic fantasy aux livres dont vous êtes le héros, et notamment à la série Loup Solitaire, à ce détail près qu'il s'agissait déjà d'une création personnelle. Avec le recul, je suis heureux qu'il n'ait pas été publié, même si mes proches ont regretté de ne pouvoir lire la suite. 3. B'A : Qu'est-ce qui t'a motivé à la partager avec un public ? Alan SPADE : L'appât du gain, entre autres. J'étais habitué à être lu sous forme d'articles par les lecteurs des magazines. PC Team, chez qui j'ai été brièvement chef de rubrique, tirait par exemple à 20 ou 30000 exemplaires. Je me disais, si j'arrive à n'avoir que la moitié de ces lecteurs avec mon livre, ça fera quand même 10 ou 15000 ventes. Un raisonnement d'une naïveté excessive, je le reconnais ! (Pause.) Bon, d'accord, il n'y avait pas que cela. L'écriture était devenue une nécessité, il fallait que j'alimente ce désir, et il fallait que je m'améliore. Et pour m'améliorer, il me fallait un échange avec le public. Je ne sais pas si on peut parler de névrose. Peut-être. 4. B'A : Qu'est-ce qui a été le plus dur pour te faire éditer ? Raconte-nous un peu ton parcours. Alan SPADE : Le plus dur dans mon parcours aura été ce moment charnière dans la période où j'avais noué des relations avec un éditeur rencontré au Salon du livre de Montreuil. Que mon premier manuscrit ait été refusé par lui alors qu'au départ, il s'était dit intéressé, avait déjà été un vrai coup dur, un uppercut dévastateur. Je m'étais en effet de plus en plus impliqué dans cet ouvrage, à force de l'écrire et de le réécrire. Et puis il me dit qu'il serait intéressé par un autre roman, et il me décrit, de manière vague, ce qu'il veut que je fasse. A cette époque, ma femme était enceinte et sans travail et je ne gagnais presque plus rien avec mes articles, notre situation était devenue très précaire. J'ai commis l'erreur de me lancer dans ce projet à corps perdu sans même exiger de signer un contrat. J'ai travaillé l'univers à fond, puis le synopsis, puis j'ai écrit les trois premiers chapitres. Malgré de très nombreuses relances, et en dépit du fait que jusqu'à ce que je lui envoie ces chapitres, le directeur de collection et moi nous étions vus régulièrement, je n'ai pas eu de réponse pendant six longs mois. Je ne pouvais pas écrire la suite pendant tout ce temps. Une véritable torture… Et évidemment, j'avais eu la faiblesse et le tort de croire que ce nouveau roman pourrait me tirer de mes difficultés financières. Même avec le recul, je trouve encore inhumain le traitement qui m'avait été réservé par cet éditeur, qui porte le nom d'un célèbre vicomte d'Alexandre Dumas. C'est ce projet ancien qui a trouvé un début d'accomplissement cinq ans plus tard, avec la parution du Souffle d'Aoles en mars 2010. Troisième et avant-dernière version des Explorateurs en 2006. La découverte de lulu.com aura été une étape importante dans mes efforts de publication. Couverture : photo prise par le téléscope Hubble Mais revenons au passé : après cette grave déconvenue, je suis passé à l'auto-édition, en me dirigeant dans un premier temps vers un prestataire en ligne québécois, puis, sur le conseil d'une amie auteur vers lulu.com. Je me souviens d'un autre baptême du feu : la convention de science-fiction française de 2006 à Bellaing, où je présentais Espace et Spasmes, mon recueil de nouvelles devenu par la suite Les Explorateurs. Je n'y avais vendu aucun livre malgré une revue de presse globalement favorable. Zéro ! J'y avais heureusement fait des rencontres sympathiques. Par la suite, j'ai trouvé un emploi alimentaire, ce qui m'a permis de poursuivre mes démarches d'écriture et de recherche d'éditeur de manière plus détendue. La première fois où j'ai vraiment trouvé un éditeur ? Il a juste fallu être au bon endroit au bon moment : Lokomodo cherchait de nouveaux ouvrages pour augmenter sa collection et se diffuser en librairie. J'ai rencontré l'éditeur, Ludovic Berneau, au salon de Nogent-sur-Oise. Cette expérience m'a permis d'évaluer les avantages et inconvénients de la petite édition, et, pour tout dire, de faire tomber pas mal d'illusions. C'est donc en toute connaissance de cause que j'ai décidé de m'autoéditer à nouveau, quelques mois plus tard. Cette fois, en ne passant plus par lulu, qui ne permet pas de dégager des marges intéressantes et facture trop lourdement les frais de port. 5. B'A : D'où te vient ton inspiration ? As-tu une technique pour éviter la panne sèche ou te remotiver ? Alan SPADE : Pour le Souffle d'Aoles, par exemple, je suis parti sur des éléments. J'ai lié en quelque sorte peuples et mythologies aux quatre forces élémentaires, en me demandant ce qui pourrait les caractériser et comment m'arranger pour sortir des sentiers battus. J'ai ensuite travaillé l'univers, sa géographie, sa topologie, son histoire, sa faune et sa flore… Puis, j'ai mis au point l'intrigue, que j'ai retravaillée à plusieurs reprises. Là, j'ai utilisé certains éléments vécus, des souvenirs que j'ai transposés et modifiés de manière à atteindre une certaine impression de véracité, à force de réécriture. Bien que le livre traite de non humains, j'ai donc fait le choix de m'appuyer sur un référentiel humain pour étudier les réactions des personnages, en faisant néanmoins en sorte que leur manière de parler et leur attitude soient affectées par leur environnement. Il ne s'agit donc pas d'un ouvrage expérimental mais bien grand public, et l'impression d'altérité n'y est sans doute pas aussi prégnante que dans, par exemple, le fascinant cycle de Tschaï de Jack Vance. Pour éviter la panne sèche et me remotiver, je me relis et me corrige ou réécris certains passages. Quand je bute vraiment sur quelque chose, ou que je n'ai pas le courage, il peut m'arriver de ne pas écrire du tout et d'aller me coucher en réfléchissant vaguement au problème. Le lendemain, en général ça se dénoue. Il ne faut pas se braquer. Il faut laisser travailler les petits gars du dessous, comme le dit Stephen King dans son livre Ecriture. 6. B'A : Qu'est-ce qui te pose le plus de difficultés ? Y a-t-il quelque chose que tu t'interdis d'écrire ? Alan SPADE : Ce qui m'a posé le plus de difficulté par le passé était de sortir d'un état émotionnel de déprime pour entrer dans l'écriture. Maintenant que ma situation s'est stabilisée, le plus difficile est sans doute de démarrer un nouveau chapitre ou paragraphe. Pas un chapitre ou paragraphe lié au précédent, mais impliquant de nouveaux lieux et d'autres personnages. Mais pour être franc, tout est difficile pour moi. Composer des personnages crédibles, mettre du relief dans les dialogues, ne pas tomber dans la facilité des clichés ou des phrases toutes faites, décrire sans lourdeur… J'y vais par strates successives, en essayant d'affiner. Je m'interdis d'écrire des choses gratuites, des choses qui n'apportent rien à l'histoire. Je préfère une phrase moche et efficace à une autre, parée de tous les apprêts de l'esthétique et qui manque sa cible. 7. B'A : As-tu des modèles qui t'ont inspiré ? Alan SPADE : Balzac est quelqu'un dont je me sens proche de par sa démarche d'écriture – pour le reste, un espace intersidéral nous sépare ! – depuis que j'ai lu l'excellente biographie de Stefan Zweig à son sujet, selon laquelle lui aussi a démarré comme un feuilletoniste sans scrupule et motivé par l'appât du gain – cela dit sans vouloir bafouer la mémoire du grand homme, bien sûr. De manière moins terre-à-terre, son traitement de la société et l'acuité de son regard sont un exemple pour moi. Sinon, il y a l'incontournable J.R.R. Tolkien, c'est lui qui m'a donné envie de concevoir au moins un livre-univers. Au niveau du style, je sais être proche de Stephen King, et en ce moment je suis pas mal influencé par Robert Jordan. J'aime aussi l'humanisme d'un Asimov et le talent pour la mise en scène d'un Stevenson. Je n'oublie pas non plus des scénaristes comme Charlier. Il y aurait tellement de noms à citer ! Balzac - Le roman de sa vie, par Stefan Zweig 8. B'A : Qu'est-ce qui t'a encouragé à te lancer pour de bon ? Alan SPADE : Le besoin d'autonomie financière. Je ne voulais plus dépendre de personne à cet égard, ce qui suppose en fait, ironiquement, de dépendre de tout le monde. Le constat, en outre, que mon prochain travail devrait être plus fortement lié à l'écriture. 9. B'A : Comment t'organises-tu pour "travailler" ? Alan SPADE : J'essaye d'écrire tous les jours. Je n'y arrive jamais, bien sûr, mais c'est un but que je me donne en permanence. J'ai la chance de pouvoir faire deux fois quarante minutes de train en place assise par jour pour aller au bureau et en revenir, un temps que je consacre à l'écriture sur ordinateur portable. A la maison, j'écris quand les enfants sont couchés ou devant un DVD. 10. B'A : Tu as adopté un style, penses-tu te risquer à effleurer d'autres genres à l'avenir ou te sens-tu suffisamment à l'aise avec le tien pour lui être fidèle ? Alan SPADE : J'essaye de faire évoluer mon style. Je sais être influençable, et c'est une composante que je suis obligé d'accepter. Sinon, j'aime bien essayer des choses nouvelles. Je pensais ne pas écrire dans le fantastique et j'en ai tiré une réelle satisfaction avec la nouvelle Grand Pouvoir Séculaire. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir m'aventurer complètement dans le réel, c'est un domaine tellement étrange… 11. B'A : Tu as écrit plusieurs choses, as-tu une préférence pour l'un de tes romans/nouvelles ? Si oui, lequel et pourquoi ? Alan SPADE : J'aime assez le côté déjanté de GPS. Sinon, bien que l'accouchement se soit fait dans la douleur, c'est bien vers le Souffle d'Aoles que va ma préférence. J'ai quand même un esprit assez conventionnel, c'était un défi pour moi d'écrire un roman situé sur une autre planète et dans lequel ne figure aucun être humain, tout en le rendant accessible au grand public. J'ai le sentiment d'avoir rendu réel quelque chose qui n'était qu'un rêve. Grand Pouvoir Séculaire (GPS) , dans l'anthologie Alice au Pays des Morts en 2009 . Un moment très important, qui m'a permis de me professionnaliser dans le domaine de l'édition. Couvertures : Tom Robberts 12. B'A : Comment fais-tu pour gérer plusieurs activités en même temps? Alan SPADE : Je jongle. Je suis obligé de fractionner mon temps d'écriture de manière quasiment insupportable. La machine écriture est longue à lancer, et quand je dois m'interrompre pour aller m'occuper des enfants, c'est très frustrant. Mon travail alimentaire est heureusement à temps partiel, ce qui me donne un peu de temps pour ma troisième activité, celle d'éditeur, qui consiste en ce moment principalement à obtenir des dates de séances de dédicace, et à me faire payer mes factures. Et cela non plus n'est pas de tout repos. Imaginez-vous : vous obtenez une séance de dédicaces, vous venez avec vos livres, vous en vendez quelques-uns dans un centre commercial et les gens vont les payer en caisse, vous envoyez une facture et un mois et demi plus tard, vous n'êtes toujours pas payé ! C'est ce qui m'arrive en ce moment avec la séance de lancement du livre à Conflans. Heureusement qu'il existe des agences de recouvrement, mais c'est quand même dommage d'en arriver là. Quand je vous disais que je pensais à spadassin en optant pour Spade… 13. B'A : Quel personnage et/ou quelle créature aurais-tu aimé être et/ou à laquelle pourrais-tu t'identifier le plus ? Alan SPADE : Un elfe noir rejeté par son peuple et qui mènerait une vie d'errances. Un chasseur et un philosophe. En l'occurrence, Drizzt do'urden, le héros inventé par R.A. Salvatore. Terre Natale , le premier roman de la Trilogie de l'Elfe Noir , de R.A. Salvatore 14. B'A : Si tu ne faisais pas cela, quel aurait pu être ton autre métier ? Alan SPADE : Je ne vois pas trop. Quelque chose de très physique, qui m'empêche de penser et me transforme en bête de somme. Treuillard, par exemple (c'est un néologisme inventé pour les soins de mon roman : personnes qui font tourner les treuils reliés par des cordes à des nacelles faisant office d'ascenseur). 15. B'A : Peux-tu nous parler de tes futurs projets ? Alan SPADE : Je suis en train d'écrire la suite du Souffle d'Aoles. Cette fois, le roman sera centré sur le thème de l'eau et non du vent. Les Malians y tiendront donc une place importante, mais on retrouvera la plupart des personnages du premier. Ensuite, le troisième et sans doute dernier tome du cycle d'Ardalia, où il sera question de la terre et du feu. Après, j'envisage de retourner vers le space opera, avec peut-être une petite incursion entre-temps dans le monde réel, qui sait. Premier projet de couverture Le Souffle d'Aoles (la couleur des caractères a changé depuis). Illustration : Thibaut Desio, lauréat du concours Le Souffle d'Aoles , mars 2010 16. B'A : Quels conseils donnerais-tu pour quelqu'un qui veut se lancer à son tour ? Alan SPADE : Ne pas rester seul dans sa démarche d'écriture. Un, voire plusieurs regards extérieurs sont indispensables. Si la personne n'a aucun proche autour d'elle pour l'aider, il existe heureusement des forums. Il faut croire à ce que l'on fait et persévérer. Savoir se remettre en cause tout en évitant de poser un regard définitif sur soi. Ne pas vouloir en vivre à tout prix immédiatement, sauf à vouloir devenir un nègre littéraire. Ce qui signifie en général, se trouver une activité alimentaire stable. A mon sens, les manuscrits envoyés par la poste sont des bouteilles à la mer. La démarche de recherche d'un éditeur comporte de nombreuses similitudes avec la recherche d'emploi. De nos jours, envoyer un manuscrit sans relance ni contact humain revient au même que d'arroser des employeurs avec des lettres de motivation sans les relancer. Efficacité, zéro. De même qu'à compétence égale, un employeur choisira au feeling ou par le biais de recommandations, un éditeur réagira le plus souvent sur un coup de cœur pour un premier roman. Mais mieux vaut qu'il vous connaisse aussi, car entre deux coups de cœur, l'éditeur optera à coup sûr pour la personne qu'il connaît le mieux et qu'il préfère. Cela signifie que ce n'est pas forcément votre compétence d'auteur qui est remise en cause en cas de refus. Si vous avez vraiment travaillé votre roman, il y a même de grandes chances que ce ne soit pas le cas. Le fait est qu'en France, les agents artistiques ne s'occupent que des écrivains reconnus. Or, comme on l'a vu, le relationnel est important pour se faire éditer. Il se trouve justement que s'il y a une catégorie de personnes introverties, qui ont du mal à « se vendre » et ont tendance à rester dans leur bulle sans faire de relationnel, ce sont bien les auteurs. L'absence d'agents artistiques qui effectueraient un vrai travail de prospection et d'intermédiation se révèle donc très fortement préjudiciable à l'éclosion de nouveaux talents. L'assentiment de proches ne suffit pas pour se faire une idée de son niveau bien sûr, néanmoins, si vous galérez vraiment trop pour trouver un éditeur, je conseillerais l'autoédition. Je dirais même que ce ne doit pas être un choix par défaut, et que c'est un projet d'activité qui doit se préparer. Il ne faut pas hésiter à aller contre l'ordre établi en la matière, en considérant que oui, l'autoédition est une activité qui a sa noblesse et sa légitimité. Il faut absolument que vous, auteur, soyez le premier à respecter cette activité si vous la choisissez, et à l'embrasser dans toute sa complexité – elle vous le rendra. La légitimité, elle ne vous viendra pas tout de suite. Même si vous vendez en séance de dédicace, cela ne signifie pas encore grand-chose. Elle vous viendra, si quelqu'un qui a lu votre ouvrage et que vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam vous en parle avec les yeux qui brillent. C'est cela qui compte. Je conseillerais enfin de se méfier de l'aspect psychologique des choses. Un éditeur, comme un employeur, a vite fait de se transformer en parent de substitution. On a tendance à rechercher l'approbation de son éditeur ou du comité de lecture, ce qui est évidemment infantilisant. En définitive, je trouve plus valorisant et plus dynamisant de considérer les éditeurs comme des concurrents que comme les uniques détenteurs de la Vérité.