Ecrire et se faire publier
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A l'heure actuelle (mars 2006) mais ce n'est pas nouveau, le monde de l'édition traditionnelle se caractérise par au moins deux tendances lourdes : d'une part la concentration et le regroupement des plus grandes maisons d'édition, c'est à dire leur absorption au sein de multinationales très puissantes, d'autre part l'accroissement de l'offre, c'est à dire la multiplication du nombre de manuscrits proposés par des auteurs. La première de ces tendances se traduit par une volonté de plus en plus affirmée de rentabilisation immédiate des oeuvres. La seconde est liée à l'alphabétisation d'une population toujours plus importante et à l'accroissement du temps libre suite à la réduction du temps de travail – sans parler de la montée de la précarité et du chômage dans les pays occidentaux. En voulant rentabiliser au maximum l'édition, les grands groupes entendent avant tout limiter les risques. Ils s'approprient donc les services des écrivains les plus connus possédant déjà "leur" lectorat. Ils démarchent également les célébrités (du sport, du cinéma, de la télévision, de la chanson, etc.) et leur proposent de leur "faire écrire" un livre par ce qu'il est communément admis d'appeler un "nègre". C'est à dire un auteur possédant un talent d'écriture auquel on n'a jamais offert la possibilité d'écrire des oeuvres personnelles et un tant soit peu originales. Certains parviennent tout de même à produire leurs propres oeuvres grâce à l'argent gagné mais demeurent en général dépendants de leur négritude. Évidemment il est assez rare qu'une star refuse ce type de proposition. En agissant ainsi, les grandes maisons d'édition font preuve d'une politique à courte vue. De la même manière que les grandes entreprises françaises ne savent pas préparer l'avenir en ne se dotant pas de secteurs consacrés à la recherche, les grands éditeurs ne préparent pas le renouvellement culturel nécessaire en ne misant jamais sur des auteurs inconnus et talentueux. On peut le comprendre, les libraires veulent avant tout survivre, c'est pourquoi ils privilégient de plus en plus les ouvrages dont on leur dit qu'ils seront rentables car signés par de grandes plumes ou des célébrités. Ils sont aussi contraints d'accepter de la part des diffuseurs des gros éditeurs ce qui est connu sous le nom de "grilles d'office" : pour vendre du Houellebecq, un libraire sera contraint d'acquérir tous les autres titres du catalogue de l'éditeur - lesquels, évidemment, se vendront beaucoup moins bien. Les principales victimes de ce système sont les petits éditeurs qui luttent eux aussi pour la survie. Il leur est de plus en plus difficile de se faire distribuer en librairie et certains en viennent à fermer boutique. Ces mêmes petits éditeurs sont ceux qui apportent le plus d'air frais au milieu de l'édition, mais ils sont évidemment contraints de mesurer les risques et de s'astreindre à une certaine rentabilité commerciale. En conséquence il leur est également de plus en plus difficile de permettre à un jeune auteur de se prendre une ou deux "vestes", sachant qu'il deviendra meilleur à son troisième bouquin. En outre il devient très ardu pour eux de valoriser sur le moyen terme les ouvrages de leur catalogue, sachant que les libraires sont contraints de jouer la carte de la nouveauté en pratiquant un turnover rapide des oeuvres, qui demeurent sur les rayonnages trois mois en moyenne. Autour de l'indispensable couple auteur/éditeur, l'industrie du livre génère plusieurs intermédiaires : le diffuseur (celui qui démarche les libraires, place les livres et gère les retours), le distributeur (celui qui distribue physiquement les livres en librairie), et évidemment le libraire lui-même, qui est contraint de prendre une marge importante sur le prix du livre (de 35 à 40%) pour pouvoir payer le loyer de sa librairie. Elle fait donc vivre beaucoup de monde, surtout si l'on tient compte des retombées futures des livres à succès : produits dérivés, adaptations télévisuelles, cinématographiques, sous forme de bande dessinées ou de jeux vidéo... Un nombre infime d'auteurs s'en tire très bien, mais tous les autres, pourtant à la base de l'immense majorité de la production et de la compétitivité ambiante, voient leurs ressources d'autant plus réduites qu'ils espèrent une commercialisation massive. C'est l'effet entonnoir. (Si vous êtes auteur et que vous souhaitiez vous faire une idée plus précise et détaillée du milieu de l'édition, je ne peux que vous conseiller l'excellent ouvrage de Marc Autret 150 Questions sur l'édition .) Il serait tentant de faire la comparaison avec les agriculteurs, qui voient leur part également grignotée par nombre d'intermédiaires. Pourtant quoi de plus important que de nourrir le corps ? C'est la condition sine qua none de toute autre activité. Les auteurs, eux, sèment des idées qui sont parfois reprises et exploitées par l'industrie du loisir, les médias, les politiques... La société, en somme. Ils sont les paysans de l'esprit, mais ne touchent pas quant à eux de subventions de la Commission Européenne. Alors certes, en France il existe un système d'aide aux auteurs géré par le CNL. Malheureusement celui-ci repose sur une taxe des livres vendus en librairie traditionnelle : si vous ne vendez pas en librairie, si vous démarrez dans le métier, vous n'obtiendrez d'aide qu'en publiant cinq nouvelles dans différents magazines, ce qui n'a rien d'évident. A cet égard, le système d'aide cautionne par la force des choses les écrivains en place au détriment des auteurs qui tentent de percer. La taxe dans les librairies était certainement une très bonne idée à l'origine, malheureusement le contexte a changé et elle n'est plus vraiment adaptée à la réalité d'aujourd'hui. (Je me pose d'ailleurs une question existentielle : quand une star riche à millions publie un livre, est-ce elle, son nègre, aucun ou les deux qui touchent les aides aux écrivains ?) En conclusion, il serait donc grand temps que la fonction de tous les paysans de France soit revalorisée. La Science-fiction, le pire des mauvais genres ? En France, si la Science-fiction dispose de son public et de son réseau de passionnés, c'est peu de dire que ce genre littéraire n'est guère prisé des "élites". Dans mon enfance, j'ai toujours entendu dire par les professeurs que c'était un genre littéraire facile, ne convenant en aucune manière à la formation intellectuelle – sans même parler de la culture ! – des jeunes. Bien sûr la diversité doit être de mise pour former les esprits. Mais la diversité, c'est aussi ne pas jeter l'opprobre sur la science-fiction. Ce n'est pas pour rien que Jules Verne est bien davantage reconnu à l'étranger qu'en France : il était l'un des précurseurs de la SF. Certaines de ses inventions sont devenues réalité. La fantasy est, elle aussi, quelques fois qualifiée de "littérature poubelle". Pourtant quand Voltaire écrit Micromégas, n'est-ce pas à la fois de la SF et de la fantasy ? (Pour mémoire, je rappelle le titre du premier chapitre : "Voyage d'un habitant du monde de l'étoile Sirius dans la planète de Saturne"). Combien de vocations sont-elles découragées parce qu'on force les jeunes à lire des ouvrages rébarbatifs, plutôt que de les intéresser tout d'abord à ceux qui sont captivants ? Certains livres ne pourront être lus et appréciés à leur juste valeur qu'à l'âge adulte, une fois qu'on aura vécu des choses similaires à ce que retranscrit l'auteur. Je dirai donc que non, la SF et la Fantasy ne sont pas des mauvais genres en eux-mêmes. Je ne peux m'empêcher de penser que ceux qui refusent la science-fiction sont les mêmes qui refusent d'envisager l'avenir. Les vrais artistes peuvent avoir pour fonction de stimuler la créativité des ingénieurs ou des scientifiques. N'est-ce pas, Léonard de Vinci ?